Pollinisateurs Une première rencontre entre convaincus

Les premières assises nationales des insectes pollinisateurs en ville ont tenté de faire le point sur la situation et présenter des solutions à mettre en oeuvre à l'échelle des villes. Cette première édition a eu lieu les 28, 29 et 30 juin 2018 à Besançon.

A l'initiative de ces journées spécialisées se trouve la ville de Besançon, sacrée capitale française de la biodiversité en 2010. Cette ville verte, entourée de 2024 hectares de forêts et abritant de nombreux parcs et jardins, a arrêté totalement, dès 2002, l'usage de pesticide.Les deux premiers jours, des conférences-débats étaient organisées, tandis que le troisième jour était consacré à la sensibilisation des citoyens à la question des pollinisateurs.

Inconnus, mais un enjeu pour les collectivitésCes assises sont bien à propos tant ces insectes sont mal connus. Les abeilles, et notamment les abeilles domestiques, sont souvent considérées par le grand public comme les seuls insectes pollinisateurs. Oubliant de ce fait les guêpes, syrphes, papillons, fourmis et bien d'autres qui participent aussi activement à la pollinisation.Les insectes pollinisateurs, présents dans nos villes et nos villages, sont la clé de voûte de nombreux écosystèmes. Ils rendent au quotidien de multiples services invisibles. Mais leur population décline à grande vitesse à cause des activités anthropiques, alors même que des travaux de recherche permettent de les comprendre de mieux en mieux. Investir dans le maintien de ces espèces apparaît comme un enjeu important pour les collectivités.

Une mutation dans la gestion des espaces vertsLes conférences furent, entre autres, l'occasion pour des gestionnaires d'espaces verts de mettre en avant les initiatives mises en place dans leurs villes en faveur des insectes pollinisateurs. Fauche tardive, fleurissement alternatif... les différentes présentations prouvent qu'une gestion d'espaces verts prenant en compte les pollinisateurs est possible. Elles témoignent d'une mutation des pratiques qui se répand petit à petit et donnent des clés à ceux qui voudraient se lancer. Et, pourquoi pas, convaincre ceux qui n'y pensaient pas encore... Un article à venir ultérieurement dans le Lien horticole détaillera des exemples de gestion.En bon témoin de cette mutation, la ville de Besançon a récemment nommé Samuel Lelièvre à la tête de la direction des espaces verts de la ville. « Ils ont nommé un écologue à la tête des espaces verts ! » s'amuse Samuel Lelièvre, à propos de lui-même, soulignant le fait que les écologues se retrouvent rarement à ce poste.

Une première édition entre convaincusDans une bonne ambiance générale, les assises ont tenu (presque) toutes leurs promesses. L'animation de la table ronde a permis un vrai dialogue entre les intervenants et le public qui, il faut l'avouer, était composé en majorité de personnes déjà convaincues par les actions à mener.Si cette première édition a rencontré un succès, certains ont déploré l'absence d'élus. Etaient en effet surtout présents des scientifiques, gestionnaires ainsi que le monde associatif.Le défit d'une deuxième édition, si elle a lieu, sera alors de faire venir plus de décideurs, et des médias, pour que les questions sur les pollinisateurs ne restent pas l'apanage des experts du sujet mais trouvent un écho partout en France.En attendant, à Besançon, on communique*, et toute l'année 2018 sera consacrée aux pollinisateurs. Chaque mois, un temps fort sera proposé (animation/ conférences/ spectacles/ observation..) pour mieux connaître et apprécier les pollinisateurs.

*https://bit.ly/2Nih6WU

Légende photo : Le parc des Glacis, à Besançon, accueille un hôtel à insectes original... ©Léna Hespel

Léna Hespel